Nuit Debout... 4 ans après je me souviens...

Le 31 mars 2016, des manifestants se sont réunis place de la République, à Paris, et partout en France pour protester contre la loi El Khomri. Cet élément déclencheur a donné lieu à un mouvement de protestation durable. Un petit air de Mai 68, qui résonnait avec d’autres mouvements d’occupation dans le monde, comme Occupy Wall Street. La place de la République était un lieu important et symbolique de ce mouvement.

Je me souviens de ce jour d'avril, de cette place de la République remplie de monde. Il y a beaucoup de jeunes mais aussi des adultes de l'âge de leurs parents et même des seniors. Je ressens une énergie contagieuse de transformer le monde, de combattre les inégalités, de changer le système. Il y a aussi l'envie simple d'être là, vivre ce moment tout simplement.

Je déambule sur cette place de la République, bouillonnante de ferveur, de mots pour combattre les maux de la société. On demande plus de démocratie, de solidarité, d'égalité des chances, de liberté...

Je m’approche d'une réunion organisée par des féministes. Un groupe de jeunes femmes discutent avec passion avec un jeune homme qui veut y assister mais elles lui expliquent que c'est réservé aux femmes. Incompréhension du jeune homme qui se dit féministe lui aussi. Elles s’obstinent et il ne pourra pas assister à cette réunion. Il part énervé... Elles referment derrière elles, avec une corde, l'espace réservé aux femmes.

Un peu plus loin, je tombe sur cette jeune femme assise en tailleur. Elle est en pleine discussion, très concentrée. Je m'assois face à elle. Elle me fixe avec insistance, se demandant peut être si je suis de la police. Son regard est fort, déterminé, presque menaçant. Elle me défie. Puis elle se détourne de moi et reprend sa discussion. Elle me fait penser à Angela Davis, militante des droits de l'homme, féministe et communiste américaine. Sa cause à elle, c'est Mayotte, département français le plus pauvre de France, oublié par l'Etat. Elle veut les mêmes droits pour les habitants de Mayotte.

Je reprends ma déambulation, allant de commission en commission. C'est « un joyeux bordel » qui dessine peut être de futur « jours heureux ». Toutes les causes sont présentes et l'objectif est d'essayer de faire converger les luttes. Pas facile.

Le temps passe. Les échanges, débats, engueulades se poursuivent. Personne ne veut partir, rendre l'espace public, céder encore une fois la place au pouvoir... La démocratie se jouera désormais dans la rue, avec le peuple. La police passe de temps en temps mais presque personne n'y fait attention.

La nuit commence à tomber. Il reste encore beaucoup de monde. Des silhouettes de militants se dessinent à l'horizon. Mais elles ne veulent plus être de marionnette de cette société mais les acteurs en chair et en os du changement.

Je quitte la place de la république, galvanisé par la foule, son désir de changement, d'écrire une nouvelle page de l'histoire de France.

J'espère que cette Nuit debout, ne jouera pas ce soir sa dernière séance et que le film qu'elle écrira au lendemain de ce printemps, sera celui du changement...

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