L'échoué

L'échoué

Il a surgit, au détour de ma promenade.

Il a surgit, comme une anomalie, même le chien est resté à distance respectable.

Il l'a flairé de loin puis s'est détourné. Moi je suis resté planté là, pétrifié par tout ce qu'il me renvoyait.

Il a surgit pourtant il était là bien avant que je le découvre.

Il a surgit contre toute attente, contre sa réputation d'immobilité, et malgré sa mort.

Il s'est échoué là, déraciné, mais n'est parvenu qu'a l'enlisement, tendant des bras faméliques vers les cieux, ou vers ailleurs.

Son ombre, ses ombres... Cadrans solaires sans graduation, indiquant chacun son propre midi. Son lui d'avant, de maintenant, ou qu'il aurait voulu être. Inconciliables sans doute.

Venait-il des eaux ou de la côte ? Quel a été son voyage pour surgir ici ? A-t'il fuit ? Espérait-il quelque chose ?

Cette plage était-elle son véritable but ?

Au loin, la vie continue, allant à la rencontre des vagues qui l'ont charrié jusqu'à mon regard.

L'air salé d'ici se mêle à celui de mes yeux, parce que le deuil d'une part, mais parce que l'espoir quand même, et parce que la beauté.

 

Il a surgit, comme un rappel de la vie, comme le bois flotté dont le sculpteur se fera joie, comme s'il fallait que je le croise pour me ressaisir de moi-même et de mes mots.

 

Mathieu Verhaverbeke

Écrire commentaire

Commentaires: 0